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Réchauffement climatique et adaptation forcée des forêts quels relations ?

 

Des chercheurs tirent le signal d’alarme sur l’importation assistée de certaines espèces d’arbres traditionnellement du sud vers les forêts du nord

 

Une étude scientifique met en garde sur les stratégies de migration assistée d’espèces d’arbres issus de régions plus chaudes et plus sèches, mises en œuvre dans les forêts européennes.

Cinq chercheurs estiment que cette plantation d’espèces indigènes sous des latitudes plus au nord « risque, à terme, de favoriser un emballement climatique ».

En cause, la modification de la canopée forestière qui risque d’accentuer, notamment, les risques d’incendie.

 

Les tentatives d’adaptation au réchauffement climatique peuvent-elles faire pire que mieux ? Une étude scientifique, menée par plusieurs laboratoires français impliquant le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et publiée dans la revue Oikos, met en garde sur les stratégies de migration assistée d’espèces d’arbres issus de régions plus chaudes et plus sèches, mises en œuvre dans les forêts européennes.

 

Cinq chercheurs estiment que cette plantation d’espèces indigènes sous des latitudes plus hautes (c’est-à-dire plus au nord) « risque, à terme, de favoriser un emballement climatique », a-t-on appris auprès du laboratoire Ecologie et dynamique des systèmes anthropisés, à l’université de Picardie Jules-Verne, à Amiens.

 

Coup de pouce à la nature

Depuis plusieurs années, les gestionnaires de forêts s’inquiètent du réchauffement climatique et de l’adaptation des espèces d’arbres et d’arbustes. « D’autant que la capacité de dispersion des arbres ne leur permet pas de migrer aussi vite qu’ils le devraient pour suivre un réchauffement des températures bien plus rapide », explique Jonathan Lenoir, un des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), lequel a participé à l’étude.

La tentation est donc grande d’importer et de planter, d’ores et déjà, des espèces plus adaptées au nouveau climat à venir. Mais ce coup de pouce à la nature pourrait avoir des conséquences mal maîtrisées. « Nous ne disons pas que la migration assistée est à proscrire, mais nous suggérons de respecter les ressources originelles des forets, glisse Jonathan Lenoir. L’idée, c’est de développer la diversité génétique au sein de la même espèce. »

 

Un changement de la canopée forestière

Car le problème, ce sont les caractéristiques physiologiques des espèces méridionales sélectionnées pour cette migration d’espèces différentes. « Si elles sont plus résistantes à la sécheresse, ces espèces en provenance de régions plus chaudes présentent des feuilles plus petites et parfois persistantes qui changent drastiquement la composition de la canopée forestière », explique l’université de Picardie, dans un communiqué.

Et de provoquer un effet papillon. « Ce changement de canopée, composée de plus petites feuilles qui transpirent une quantité plus faible d’eau, pourrait dégrader le microclimat des sous-bois et augmenter le risque d’incendie si les espèces transplantées présentent un degré d’inflammabilité élevé, comme c’est le cas du pin maritime », poursuit le communiqué. « Les feuilles sont un point de passage du cycle de l’eau et le changement d’espèces modifie la circulation de l’eau », renchérit Jonathan Lenoir qui a étudié, avec ses collègues, les traits physiologiques de 106 espèces européennes et nord-américaines.

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