Loukachenko: Si Kiev refuse de négocier immédiatement, les Russes récupéreront «le sud» et les Polonais «l’ouest» du pays
Loukachenko : l’Ukraine en tant qu’État pourrait ne pas subsister «Il faut entamer des négociations», a déclaré le président biélorusse Alexandre Loukachenko lors d’une interview fleuve de près de deux heures accordée à la journaliste ukrainienne Diana Panchenko, diffusée sur sa chaîne YouTube le 17 août en fin de journée.
Des négociations qui doivent impérativement, selon lui, se dérouler en présence de la Russie, «non pas comme en Arabie saoudite où le principal protagoniste n’était pas invité», faisant ici référence au sommet de Djeddah des 5 et 6 août derniers, organisé à l’initiative de l’Ukraine. La guerre «pouvait et devait être évitée», pense-t-il, estimant que «c’est encore possible maintenant.» Sur les origines du conflit Interrogé sur la responsabilité personnelle du président Zelensky, Alexandre Loukachenko a admis critiquer régulièrement «son inexpérience, son exubérance liée à son premier métier», mais a tenu à souligner que «les malheurs avaient commencé bien avant lui, déjà sous Koutchma [président de 1994 à 2005], quand il n’y avait pas de ligne politique claire». Alexandre Loukachenko a rapporté que l’ancien président russe Boris Eltsine lui avait demandé, déjà dans les années 90, «d’aider Koutchma à organiser un référendum sur une nouvelle constitution». Selon Loukachenko, les sondages indiquaient que les Ukrainiens l’auraient approuvée, «ce qui aurait évité la situation actuelle».
Mais Leonid Koutchma n’a rien fait, «sous prétexte que la Rada ne la ratifierait pas». «Ses successeurs ont suivi la même voie», regrette le président biélorusse. La situation a ensuite empiré, quand l’ancien président ukrainien Petro Porochenko n’a pas, conformément aux accords de Minsk, accepté de «modifier la constitution ukrainienne pour créer un statut spécial pour les régions de l’est et d’organiser des élections».
Le nationaliste ukrainien craignait en effet, toujours selon le chef de l’Etat biélorusse, que «ce soient les mauvaises personnes [les séparatistes] qui gagnent les élections». «L’Ukraine n’a aucune chance de gagner et tout à perdre» Désormais, l’Ukraine, engagée dans une contre-offensive depuis plus de deux mois, est au pied du mur : «Les combattants les plus aguerris et les plus convaincus idéologiquement sont tous morts sur le champ de bataille», estime le président biélorusse, avant d’ajouter que Kiev n’a dès lors aucune chance de vaincre la machine de guerre russe, disposant «encore de 250 000 réservistes prêts à se battre». «Les soldats ukrainiens n’arrivent même pas jusqu’au champ de mines, les régiments sont détruits», décrit-il, rapportant 45 000 pertes du côté ukrainien récemment, pour un ratio à huit contre un contre l’armée russe, toujours selon lui. Montrant une carte de l’Ukraine, Alexandre Loukachenko prédit que les Russes récupéreront «le sud» et les Polonais «l’ouest» du pays si Kiev refuse de négocier immédiatement, ajoutant que «l’Occident ne fera rien pour eux». Sur de possibles négociations Selon Loukachenko, «il ne faut pas de conditions préalables à la négociation. La Russie est prête à discuter de tout», même si, «ne nous leurrons pas, il n’est pas question pour elle de renoncer à la Crimée».