La dernière décision de la CJUE, « un tournant décisif » dans la lutte du peuple sahraoui
L’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) rendu le 4 octobre représente un « tournant décisif » dans le conflit au Sahara occidental, a indiqué, dans un rapport, le Centre d’études et de documentation franco-sahraoui, Ahmed-Baba-Miske.
Le centre d’études a mis la lumière, dans son rapport, sur l’importance du verdict « définitif » et « historique » de la CJUE et ses retombées sur les plans politique, économique et diplomatique tout en évoquant la stratégie du Front Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraoui.
Le 4 octobre, la CJUE a annoncé son verdict annulant deux accords commerciaux entre l’UE et le Maroc relatifs aux secteurs de la pêche et de l’agriculture et qui incluaient illégalement le territoire du Sahara occidental. Parallèlement, la cour a affirmé que le Front Polisario était le représentant unique et légitime du peuple sahraoui, lui garantissant le droit de plaider devant les tribunaux de l’UE au nom du peuple du Sahara occidental.
Sur le plan politique, le rapport note que la décision de la CJUE représente une réaffirmation du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination tout en rendant « implicitement caducs les Accords de Madrid du 14 novembre 1975, conclus entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie en l’absence du Front Polisario et sans le consentement du peuple du Sahara occidental occupé ».
La décision de la cour acte aussi l' »illégitimité et surtout l’illégalité de la lettre adressée par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, au roi du Maroc en mars 2022″ concernant le prétendu « plan d’autonomie » marocain. Il assène, en outre, un coup à la France dont le président avait imité le Premier ministre espagnol, en juillet dernier.
Selon le même rapport, la décision de la CJUE affaiblit les tentatives du Maroc de faire pression sur l’UE en exploitant les questions de l’immigration pour renforcer sa politique coloniale.
Sur le plan économique, le rapport signale que durant « la période 2019-2023, l’UE a profité des ressources halieutiques du Sahara occidental grâce à 128 licences de pêche, en échange de 208 millions d’euros versés au Maroc », précisant que « chaque euro investi dans le secteur génère environ 3,3 euros ».
Selon le rapport, le Maroc perdra 50 millions d’euros par an dans le secteur de la pêche suite à l’annulation des accords commerciaux avec l’UE.
Dans le secteur agricole, l’UE a importé des produits pour un total de 77,5 millions d’euros en 2021, rappelle le rapport qui signale que la pêche, l’agriculture et l’extraction du phosphate représentent la « base de l’économie coloniale ».
Le rapport estime, en outre, que l’économie coloniale sera sérieusement affectée tout comme les activités des opérateurs étrangers après l’annulation effective des accords.
Le centre d’études attire l’attention, par ailleurs, sur les risques que représente le non-respect des décisions de la CJUE, rappelant les sanctions imposées à la Pologne en 2021 qui devait payer un million d’euros par jour pour ne pas s’être pliée à une décision de la cour. Dans une autre affaire, l’Italie avait dû payer 60 millions d’euros de pénalités.
Pour le centre, la décision « historique » de la CJUE est un « tournant décisif » dans la lutte du peuple sahraoui qui se poursuit depuis 50 ans. Elle porte aussi un coup dur à la politique coloniale du Maroc.