Washington livrera des armes à sous-munitions à Kiev: «un aveu de faiblesse» selon Moscou
Les Etats-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire en soutien à l’Ukraine dont des armes à sous-munitions, franchissant un nouveau seuil dans le type d’armements fournis à Kiev. Le ministère russe de la Défense a estimé le 8 juillet que la livraison de bombes à sous-munitions à l’Ukraine décidée par les Etats-Unis était un «aveu de faiblesse» qui rendra Washington «complice» des morts civiles provoquées par cette arme controversée. «Le transfert d’armes à sous-munitions est un geste de désespoir et un aveu de faiblesse dans le contexte de l’échec de la prétendue contre-offensive ukrainienne», a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué. «C’est une décision difficile. On l’a différée» un certain temps, a déclaré à la presse le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, tout en ajoutant que c’était «la bonne chose à faire», arguant que le président Joe Biden avait pris la décision en consultation avec les alliés et après une «recommandation unanime» de son administration. Le responsable a encore assuré que les Ukrainiens avaient fourni des garanties «par écrit» sur l’usage qu’ils feraient de ces armes pour minimiser «les risques posés aux civils».
Les promesses de Kiev «ne valent rien», selon Zakharova
«Washington est parfaitement conscient que les « promesses » des ukronazis d’utiliser ces armes frappant sans discrimination de manière « prudente » et « responsable », ne valent rien», a rétorqué le 8 juillet Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères. «Des civils souffriront, comme cela s’est produit chaque fois que les États-Unis et l’OTAN ont fourni des armes de plus en plus meurtrières à l’Ukraine», a-t-elle ajouté, avant de préciser : «l’expérience de l’utilisation des armes à sous-munitions au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde montre que leurs éléments peuvent rester longtemps non explosés et exploser après la fin des hostilités».
Cette annonce intervient dans le cadre d’un nouveau paquet d’aide militaire à l’Ukraine d’un montant de 800 millions de dollars et qui porte le total de l’aide militaire américaine depuis le début de la guerre en février 2022 à plus de 41 milliards de dollars. Outre les armes à sous-munitions, les Etats-Unis vont fournir des véhicules blindés, des munitions d’artillerie, des armes anti-chars et autres équipements. Ces armes dites à sous-munitions dispersent ou libèrent des petites charges explosives conçues pour exploser avant l’impact, à l’impact ou après l’impact. Selon le type d’arme utilisé, le nombre de sous-munitions dispersées ou libérées peut aller de quelques dizaines à plus de 600. Nombre de pays en ont interdit l’utilisation et la production dans le cadre de la Convention d’Oslo de 2008 dont ni les Etats-Unis ni l’Ukraine ne sont parties prenantes. Hypocrisie européenne Du côté des Européens, l’annonce de Washington n’a suscité que de très molles protestations.
A Berlin, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, s’est dit «certain que nos amis américains n’ont pas pris à la légère la décision de livrer les munitions en question». Même son de cloche à Paris où le ministère des Affaires étrangères a rappelé que la France respecterait pour sa part ses engagements pris dans le cadre de la convention d’Oslo. Mais «nous comprenons l’arbitrage auquel les Etats-Unis sont parvenus dans leur souhait d’aider l’Ukraine dans l’exercice de sa légitime défense face à l’agression illégale déclenchée par la Russie», a précisé le Quai d’Orsay. Les ONG craignent plus de morts civils Reste que la présence de ces armes risque de poser un danger à long terme en raison notamment des charges non explosées dispersées dans un large rayon, provoquant la colère des ONG. L’annonce américaine a révolté les organisations humanitaires, qui rappellent l’impact monstrueux de ces armes sur les civils. L’organisation Human Rights Watch estime que cette décision «va inévitablement provoquer des souffrances à long terme et saper les efforts internationaux pour éradiquer leur utilisation». L’administration Biden «doit comprendre que toute décision visant à permettre un usage accru de ces armes à sous-munitions dans cette guerre aura une conséquence claire: plus de morts civils», a prévenu pour sa part Amnesty International.