Réunion au Kremlin avec avec Prigojine: Poutine livre son témoignage
Dans une interview au journal Kommersant le 13 juillet, Vladimir Poutine a donné des détails sur sa réunion, le 29 juin au Kremlin, avec Prigojine et les commandants de Wagner. Il a notamment précisé que le groupe n’avait aucune existence juridique. «Les combattants ordinaires de Wagner se sont battus avec dignité. Le fait qu’ils aient été entraînés dans ces événements est regrettable», a déclaré Vladimir Poutine au journal Kommersant, le 13 juillet dans la soirée. Le chef de l’Etat russe s’est confié sur sa réunion, le 29 juin au Kremlin, avec les commandants mutins de la SMP. C’est eux que le président russe voulait rencontrer, plutôt qu’Evguéni Prigojine, explique le journal. La réunion a duré près de trois heures. Vladimir Poutine a notamment rapporté qu’il avait proposé aux hommes de Wagner de servir sous le commandement officiel d’une autre personne. Certains auraient opiné de la tête, mais leur chef, Evguéni Prigojine, au premier rang et ne voyant pas ses hommes, a refusé cette offre. Les soldats de Wagner «auraient pu être réunis dans un seul endroit et continuer à servir. Pour eux, rien n’aurait changé, ils auraient été dirigés par la personne qui était leur véritable commandant pendant toute cette période», a affirmé Vladimir Poutine. Kommersant précise que la personne évoquée par le président russe est un commandant de Wagner ayant pour pseudo «Sedoï» (Cheveux gris) et qui aurait réellement dirigé les paramilitaires sur le front ukrainien lors des 16 derniers mois. «Beaucoup (de commandants de Wagner) ont acquiescé de la tête quand j’ai dit ça. Mais (Evguéni) Prigojine, qui était assis devant, ne l’a pas vu et a dit après avoir écouté « Non, les gars ne sont pas d’accord avec cette solution »», a déclaré le président russe. Vladimir Poutine a affirmé avoir discuté lors de cette réunion, le 29 juin, de «possibles solutions» pour que le groupe Wagner continue à combattre pour la Russie et avoir donné son «appréciation» des événements du 24 juin. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, avait confirmé le 10 juillet à la presse que le président russe avait «écouté les explications des commandants», avant de leur proposer «des alternatives pour leur travail futur et leur emploi à des fins militaires». Les combattants de la société militaire privée «ont souligné qu’ils étaient de fervents partisans et soldats du chef de l’Etat et du commandant en chef suprême et affirmé qu’ils étaient prêts à continuer de combattre pour la patrie», avait ajouté le porte-parole. «Le groupe Wagner n’existe pas juridiquement !» Alors qu’on lui demandait si Wagner pourrait perdurer comme unité combattante, Vladimir Poutine a également souligné l’absence de statut juridique officiel du groupe en Russie, où les sociétés militaires privées ne sont pas autorisées par la loi. «Le groupe (Wagner) est là, mais il n’existe pas juridiquement ! […] C’est une autre question liée à [leur] légalisation effective. Une question qui doit être évoquée à la Douma (chambre basse du Parlement), au sein du gouvernement», a affirmé Vladimir Poutine. Le 24 juin, Evguéni Prigojine et les combattants de la SMP Wagner ont remis en cause l’autorité du ministère russe de la Défense et pris le contrôle de la ville de Rostov-sur-le-Don, avant de lancer une colonne en direction de la capitale russe. C’est par l’entremise du président biélorusse Alexandre Loukachenko qu’un accord a été trouvé. Vladimir Poutine s’est finalement réjoui d’avoir évité un «bain de sang» en terre russe. Le 26 juin, dans une allocution, il a remercié l’armée pour son patriotisme et pour avoir empêché une «guerre civile», condamnant le «chantage» des dirigeants de Wagner, mais permettant à ses soldats de partir en Biélorussie ou de rejoindre l’armée régulière russe, en raison de leurs mérites passés au front.