Plongée dans l'incertitude il y a quelques années suite à des difficultés financières, pénuries de matériaux, manque d'approvisionnement et recul de l'activité, l'entreprise publique de construction navale, Ecorep, retrouve sa forme à coup des investissements et plan de restructuration établi récemment par l'État.
Une nouvelle prouve de l'efficacité du Plan de relance économique et la stratégie de l'État orientée vers l'exportation et l'encouragement de l'industrie nationale, ce qui se voit dans les carnets de commandes bien remplis de l'Ecorep.
Sans doute du fait des instructions de président de la République, Abdelmadjid Tebboune, d'interdire le recours à des produits ou services de l'étranger qui sont disponibles en Algérie, cette filière de AGM-Holding a vu ses activités bondir, portées par l'appréciation positive de la qualité de ses produits et ingénierie. Cela lui a permis de décrocher des contrats dans les secteurs public et privé. Spécialisée dans l'industrie navale civile dans le domaine de la pêche maritime, Ecorep, qui emploie 110 personnes, a décroché un contrat de livraison de 3 navires remorqueurs en acier au profit de la société de gestion et d'exploration des terminaux marins à hydrocarbures (STH), filiale de Sonatrach.
Construit par le chantier naval de l'Ecorep - établi sur 2,8 hectares sur le port de Bouharoune (Tipaza), considéré comme le plus grand usine navale dans le domaine civile en Algérie - sur la base d'une conception et savoir-faire de 100 % algériens, le premier remorqueur en acier a été mis à l'eau le 7 janvier de cette année en présence de ministres du gouvernement (Industrie, Transports, Énergie) ainsi que le DG de la Sonatrach.
D'une longueur moyenne de 15 mètres et d'une grande puissance de remorquage (jusqu'à 20 tonnes), ce navire, servant à guider, tirer, pousser les gros bateaux entrant et sortant des ports, a été mis en service aussitôt au sein de la flotte de Sonatrach au port de Béjaïa.
Deux autres navires de même type devraient le rejoindre respectivement en fin mars 2023 et fin mai 2023.
" Nous nous réjouissons du fait que Sonatrach nous a offert une occasion pour fabriquer ce produit qui est unique au niveau national ", s'est félicité hier sur les ondes de la Radio nationale Hamid Benderradji, directeur général de l'Ecorep.
" C'est une première en Algérie, nous avons concrétisé les recommandations du président Tebboune de faire de l'année 2023 une année économique par excellence. Les années 2021 et 2022 étaient des années de la restructuration et de la refondation de la société, et l'année 2023 nous l'avons entamé le 7 janvier avec la livraison d'un remorqueur qui est actuellement en service au niveau du port de Béjaïa ", a-t-il expliqué.
Le DG de l'Ecorep a défendu son entreprise de certaines critiques présentant ces réalisations comme étant de " simple montage ", se disant " très fier du travail accompli par les ingénieurs et techniciens de l'usine ".
" Le montage dans l'industrie navale c'est quand-même pas une chose facile ", a-t-il insisté, estimant que cela " augure de bien et d'un avenir radieux pour la filière ".
Pour permettre sa relance et redéploiement sur le plan de l'investissement, l'État a accordé un soutien financier à l'Ecorep de l'ordre de 1,4 milliards DA, servant à acquérir une infrastructure pour le chantier naval pour fabriquer des navires atteignant jusqu'à 40 mètres, ainsi qu'un bassin pour assurer la maintenance des navires et un quai dédié à la même activité.
" La seule difficulté est que nous ne pouvons pas aller à la fabrication de navires de plus de 40 mètres de long ", a regretté Benderradji.
Affichant de la confiance quant aux prochains mois, le DG de l'Ecorep a dit que les récents investissements et acquisitions de son entreprise lui permettent d'espérer augmenter son chiffre d'affaires. " Nous avons un bureau d'étude au niveau de l'entreprise qui nous fait les plans et conceptions initiaux pour la fabrication des navires. Nous sommes prêts à répondre à toutes les commandes émanant des clients. Mais nous nous fixons deux conditions : la sécurité et la qualité, c'est primordial pour nous. À part cela le client peut demander ce qu'il veut. Le slogan de la société est : " naviguer en toute sécurité " ", a-t-il souligné. " Nous avons déjà de grands et ambitieux plans de charges. Le ministre des Transports a annoncé récemment que les futurs remorqueurs pour le compte de la Sonatrach seront exclusivement fabriqués sur le chantier de Bouharoune. Cela bien-sûr représente un grand défi pour l'Algérie ", a-t-il ajouté.
Ce chantier compte des effectifs au nombre de 110 personnes : 90 % des cadres techniques qualifiés se trouvent dans la production et 10% dans l'administration. La structure la plus importante est le bureau d'études avec 4 ingénieurs, et répartie sur les différents chantiers, a précisé le même interlocuteur.
" Nos employés et techniciens subissent régulièrement des sessions de recyclage et de formation dans les domaines et compétences nécessaires pour la construction de futurs navires commandés, en fonction des moyens de l'entreprise. L'Ecorep a traversé des années difficiles dans le passé, mais aujourd'hui nous entamons une nouvelle ère ", a-t-il indiqué.
Toutefois, compte tenue des effectifs de l'Ecorep jugés réduits pour construire en grande quantité, l'entreprise a fait le choix de recourir à la sous-traitance.
" Nous sous-traitons avec plusieurs opérateurs nationaux. Nous nous ouvrons aux opérateurs pour créer de la croissance autour de nous. Parmi nos objectifs est d'être une locomotive de tous opérateurs économiques nationaux comme les petites usines et les start-up spécialisés en construction navale. Nous prospectons et recherchons toujours les opportunités de coopération car nous croyons en les compétences nationales ", a-t-il affirmé.
Hamid M.
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