DDepuis l'annonce en décembre dernier du Premier ministre Aimene Benabderrahmane que la Banque d'Algérie envisage le lancement du " dinar numérique Algerien ", plusieurs experts et économistes évoquent le grand potentiel de la monnaie virtuelle comme de rendre les services bancaires plus abordables et étendre l'utilisation de moins en moins des espèces, ce qui réduira inéluctablement la taille du l'informel.
Pour faire le poids contre les cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum …) qui bouleversent le monde de la finance internationale, des projets similaires au dinar numérique comme le dollar numérique ou l'euro numérique ont vu le jour.
Ils sont une forme de monnaie virtuelle émises par les banques centrales - contrairement aux cryptomonnaies d'où leur instabilité - à usage de grand public et entreprises dans les transactions financières et sont conçues pour améliorer l'efficacité des règlements interbancaires, commerciaux et financiers.
Dans le cas de l'Algérie, le dinar numérique permettrait d'aller davantage vers l'inclusion financière et de renforcer les systèmes monétaires et de paiement, de sorte que chaque Algérien pourrait profiter des produits bancaires et dans le secteur de l'assurance, en toute sécurité et partout sur le territoire national, a expliqué Yazid Benmouhoub, directeur général de la Bourse d'Alger.
Ce dernier a estimé dans un entretien publié hier sur les colonnes d'Echaâb que le Dinar numérique pourrait jouer un rôle essentiel dans l'absorption des fonds circulant dans l'informel par le système bancaire national en incitant les Algériens à délaisser le cash et adopter la paiement électronique dans leurs transactions quotidiennes.
Parmi les raisons qui poussent Benmouhoub à être enthousiaste à ce projet, figurent la solidité des produits boursiers par rapport à l'argent liquide et les rendre plus accessibles - via la numérisation des transactions - ainsi que l'augmentation de la capitalisation boursière.
" Le dinar numérique garantira la transparence des transactions, ce qui devrait favoriser les cours des cotations des entreprises de fait de la disponibilité de liquidités ", a indiqué Yazid Benmouhoub.
" Si la Bourse est numérisée et utilise une plateforme de négociation et transaction virtuelle, en plus du dinar numérique, cela ne fera aucun doute le fait de dynamiser et activer les transactions des actions, et l'exploitation des produits financiers disponibles de la meilleure façon, ainsi que l'attractivité de fonds qui sont en dehors du secteur formel, et en gros loin de contrôle des autorités ", a-t-il poursuivi.
Bien évidemment, le même interlocuteur a précisé toutefois que l'utilisation du dinar numérique doit être autorisée et adoptée d'abord par la Banque d'Algérie, ajoutant que l'essentiel des actions et obligations au niveau de la Bourse d'Alger sont numérisées et ce depuis des années.
Depuis trois années, l'État encourage une nouvelle orientation pour financer les investissements des entreprises.
Après avoir compté longtemps sur les crédits bancaires et le leasing pour trouver des financements externes, les entreprises économiques peuvent recourir au marché financier à travers l'introduction en bourse et l'émission d'obligations.
" En plus de cela, le ministre des Finances a indiqué que l'année 2023 verra la promulgation de la loi sur les sukuk, ce qui permettra l'achèvement du système financier islamique. Car en 2020 les banques sont devenues en mesure de fournir des services bancaires islamiques à leurs clients, tandis qu'en 2021, les sociétés d'assurance également pourraient fournir des services de crédit islamique, appelés " Takaful " ", a souligné le DG de la Bourse d'Alger.
" Il est donc devenu nécessaire, à l'heure actuelle, de prévoir des mécanismes de financement des différents investissements au niveau de la Bourse d'Alger, représentée par les Sukuk. C'est pourquoi, de ce point de vue, nous considérons que l'année en cours sera la véritable percée du marché boursier en Algérie, et nous espérons que ce marché jouera un rôle efficace dans le financement de l'économie ", a-t-il analysé, ajoutant que son institution pourrait même remplacer à l'avenir le Fonds de financement des Start-up de fait de larges et énormes facilités offertes.
Toutefois, sur terrain, malgré les réformes entamées dans les systèmes financier et bancaire, la cotation en bourse des entreprises demeure très faible.
Actuellement, cinq entreprises seulement sont cotées : deux de secteur public (l'hôtel El Aurassi et le laboratoire pharmaceutique Saidal) et deux autres privées (Alliances assurances et Biopharm) ainsi que la micro-entreprise (AOM Invest) spécialisée dans le tourisme, selon les statistiques de la Bourse d'Alger.
" Nous tenons des réunions continues avec les entreprises, notamment celles du secteur privé et en particulier les PME-PMI qui ont manifesté leur intérêt pour les modalités d'introduction en bourse. Nous essayons de simplifier les concepts lors de ces réunions et la nature des procédures. Nous attendons également avec impatience, au cours de l'année 2023, l'entrée de certaines entreprises des secteurs public et privé. Si deux entreprises se sont jointes au cours de l'année en cours, nous considérons qu'il s'agit d'un exploit ", a-t-il clarifié.
" Dans le cas où 5 ou 10 entreprises rejoignent, nous nous en félicitons vivement, et plus le nombre est élevé, plus cela est considéré comme bon et positif pour la bourse et pour les entreprises ainsi que pour l'économie nationale. Car il ne faut pas oublier que le principal objectif est de stimuler la croissance économique ", a-t-il projeté.
H. M.
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