Pourquoi l’Algérie s’oppose au plafonnement des prix du gaz ?
La récente décision européenne de plafonner les prix du gaz n’est pas passée inaperçue, tant qu’elle viole les règles du marché libre mondial, en particulier la règle de l’offre et de la demande.
Les signes d’un désaccord énergétique se profilent à l’horizon entre l’Union européenne et ses partenaires, dont l’Algérie qui est son deuxième fournisseur énergétique, après que l’Union eut approuvé un plafonnement des prix du gaz naturel, sans les consulter.
A l'heure où la sécurité énergétique reste l’un des plus grands enjeux des pays du monde, après avoir connu des bouleversements dus aux répercussions des crises internationales et des différends qui ont affecté la stabilité du marché du gaz, l’Algérie est intervenue afin de créer un équilibre mondial dans la distribution du gaz naturel et ramener les choses à la normale.
La réaction de l’Algérie à la décision européenne a été ferme : le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab avait affirmé que l’Algérie ne soutenait pas l’idée de plafonnement des prix du gaz naturel sur les marchés énergétiques, soulignant que cette mesure affecterait directement les investissements dans l’amont.
Parmi les analystes qui se sont intéressés à la question, on trouve Ismail Benkhalfallah, expert en relations internationales et avocat spécialisé dans les questions internationales, qui a estimé que l’Algérie a exprimé son agacement face à la décision de plafonner le gaz prise par l’Union européenne, à travers les déclarations du ministre algérien de l’Energie, qui a qualifié la décision d’ »unilatérale » et qui va « déstabiliser le marché du gaz ».
Cette intervention européenne contredit le principe de libre marché, et viole tous ses fondements, notamment en ce qui concerne les règles de l’offre et de la demande qui évaluent les prix, a expliqué dans des propos à la presse l’observateur précité.
Ce dernier a critiqué surtout la contradiction européenne qui défend la liberté du marché d’une part et la viole d’autre part, à travers la décision de plafonnement des prix.
Cette décision, a-t-il fait observer, « laisse entendre que l’Algérie ne trouvera pas d’alternative à l’Union européenne pour exporter son gaz. Bien qu’elle puisse établir des partenariats en Asie en réduisant la quantité dirigée vers le vieux continent par des pipelines, et en convertissant le gaz en GNL et en l’exportant via des navires, par exemple vers la Chine, qui est considérée comme l’un des plus grands marchés énergétiques du monde ».
Mais, quel serait l’impact pour l’Algérie ?
« l’Algérie ne sera pas impacté par la récente décision, puisqu’elle s’est engagée dans des contrats d’approvisionnement à long terme avec l’Italie et l’Espagne, et à travers des pipelines la reliant aux pays du vieux continent, car les prix de ces contrats sont spécifiques et fixes et ne changent qu’après négociations qui ne peuvent être entamées que dans des circonstances exceptionnelles et avec l’accord des deux parties, ou, le cas échéant, à l’expiration de la date du contrat », a rassuré l’expert en énergie.
Il a souligné que la loi du marché est celle qui contrôle les prix, et la logique du marché basée sur la spéculation est la seule qui contrôle les prix, et se hisse au-dessus de toute décision politique.
« Le plus grand perdant de la décision du plafonnement est l’UE », a-t-il prédit, citant l’exemple des sanctions contre l’Iran et le blocus imposé sur ses exportations pétrolières mais qui n’ont pas abouti en fin de compte car ce pays a pu quand-même acquérir des méthaniers et exporter son pétrole vers plusieurs autres pays.
C’est à cela que travaille la Russie, qui transfère du gaz vers la Chine et l’Inde, ces deux pays qui réexportent à nouveau du gaz russe vers l’Europe et réalisent une marge de profit, ce qui constitue une perte énorme pour l’Europe, a ajouté l’expert.
Hamid M.
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